Ces principes font partie du position paper rédigé en 2012 par les membres fondateurs de GIRAF, ils proposent une adaptation et une amélioration des principes élaborés dans la littérature.
A. Principes « historiques » de l’agroécologie
Reijntjes, Haverkot et Water-Bayer (1992) in Altieri (1995)
- Permettre le recyclage de la biomasse, optimiser la disponibilité de nutriments et équilibrer le flot de nutriments.
- Garantir les conditions de sol favorables à la croissance des plantes, en gérant en particulier la matière organique et en améliorant l’activité biotique du sol. Ceci suppose, au regard de la rareté des ressources pétrolières, une réduction drastique de l’usage d‘intrants externes produits de la chimie de synthèse (engrais, pesticides et pétrole).
- Minimiser les pertes de ressources liées aux flux des radiations solaires, de l’air et du sol par le biais de la gestion microclimatique, la collecte d’eau, la gestion du sol à travers l’accroissement de la couverture du sol et le jeu des complémentarités territoriales entre différentes orientations technico-économiques (notamment élevage-culture).
- Favoriser la diversification génétique et d’espèces de l’agroécosystème dans l’espace et le temps.
- Permettre les interactions et les synergies biologiques bénéfiques entre les composantes de l’agrobiodiversité de manière à promouvoir les processus et services écologiques clefs.
- Valoriser l’agro-biodiversité, comme point d’entrée de la re-conception de systèmes assurant l’autonomie des agriculteurs et la souveraineté alimentaire (Machado, Santili et al. 2008; Jackson, Rosenstock et al. 2009).
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B. Principes Méthodologiques (SAD)
Science in Action Department (SAD), INRA (Tichit, Bellon et al. 2010)
- Favoriser et équiper le pilotage multicritère des agroécosystèmes dans une perspective de transition sur le long terme, intégrant des arbitrages entre temps courts et temps longs et accordant de l’importance aux propriétés de résilience et d’adaptabilité.
- Valoriser la variabilité (diversité et complémentarité) spatio-temporelle des ressources, i.e. exploiter les ressources et les caractéristiques locales et faire avec la diversité et la variété plutôt que de chercher à s’en affranchir.
- Stimuler l’exploration de situations éloignées des optima locaux déjà connus (Weiner, Andersen et al. 2010) e.g. des systèmes « extrêmes » à très faibles niveaux d’intrants et/ou biologiques aussi bien en élevage qu’en production végétale (Jackson 2002).
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B. Principes Méthodologiques (GIRAF)
- Favoriser la construction de dispositifs de recherche participatifs qui permettent le développement de recherche « finalisée » tout en garantissant la scientificité des démarches (Hatchuel 2000; Hubert 2002). La conception de systèmes durables est en effet complexe et implique la prise en compte de l’interdépendance des acteurs, de leurs ambiguïtés, ainsi que de l’incertitude des impacts socio-économiques des innovations techniques (Bell and Stassart 2011).
C. Principes socio-économiques (GIRAF)
- Créer des connaissances et des capacités collectives d’adaptation à travers des réseaux impliquant producteurs, citoyens-consommateurs, chercheurs et conseillers techniques des pouvoirs publics qui favorisent les forums délibératifs, la mise en débat public et la dissémination des connaissances (Thompson 1997; Pimbert, Boukary et al. 2011).
- Favoriser les possibilités de choix d’autonomie par rapport aux marchés globaux par la création d’un environnement favorable aux biens publics et au développement de pratiques et modèles socio-économiques qui renforcent la gouvernance démocratique des systèmes alimentaires, notamment via des systèmes co-gérés par des producteurs et des citoyens-consommateurs et via des systèmes (re)territorialisés à haute intensité en main d’oeuvre (Ploeg 2008; Wittman, Desmarais et al. 2010).
- Valoriser la diversité des savoirs à prendre en compte: savoirs et pratiques locaux (Hassanein and Kloppenburg 1995) ou traditionnels (indigenous technology knowledge – ITK, (Richards 1993)), savoirs ordinaires (Wynne 1996) aussi bien dans la construction des problèmes et la construction des publics concernés par ces problèmes que dans la recherche de solutions.
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