Avec quelle définition de l’agroécologie travaille le GIRAF ?
Le GIRAF a une définition très large de l’agroécologie. Voici sa définition : l’agroécologie n’est définie ni exclusivement par des disciplines scientifiques, ni exclusivement par des mouvements sociaux, ni exclusivement par des pratiques. Elle est appelée à devenir un concept fédérateur entre ces trois dimensions.
Cette définition ouverte à la transdisciplinarité et aux questions politiques et sociales a une histoire. Dans les années 70-80, l’agroécologie était définie comme l’application de l’écologie à l’étude, la conception et la gestion des agroécosystèmes durables. Elle restait confinée à ces agroécosystèmes. Dans un second temps, le champ d’étude de l’agroécologie s’est élargi pour devenir l’application de l’écologie à l’étude, la conception et la gestion des systèmes alimentaires. Elle est alors devenue une pratique interdisciplinaire qui a impliqué une redéfinition des frontières scientifiques et sociales.
En tant qu’approche scientifique interdisciplinaire, l’agroécologie a une fonction critique : elle procède à une remise en question du système alimentaire industriel, ainsi que du modèle agronomique dominant basé sur l’utilisation intensive d’intrants externes à l’agroécosystème. En tant que mouvement social, l’agroécologie relève d’une critique sociale des effets de la modernisation des agricultures du monde, de l’exploration d’une autre voie axée prioritairement sur la recherche d’une autonomie décisionnelle et l’utilisation parcimonieuse des ressources. Pour plus de détails sur cette question, lire l’article de positionnement du GIRAF.
L’agroécologie peut-elle nourrir la planète ?
Nourrir la planète n’est pas seulement une question technique de production agricole. C’est aussi une question politique qui concerne l’ensemble des systèmes alimentaires.
En soit, l’agroécologie a montré qu’elle pouvait produire de bons rendements, tout en régénérant les sols et les écosystèmes, en réduisant les émissions de gaz à effets de serre, et en prenant soin des modes de vie des agriculteurs (pour plus de détails, voir ici).
Mais surtout, le système alimentaire industriel a montré ses limites dans sa capacité à nourrir durablement la planète (dépendance aux énergies fossiles, pollution, dégradation des habitats, suicide et maladies des agriculteurs, gaspillage alimentaire, santé des consommateurs, etc.). Nous pensons qu’à l’avenir, il sera de moins en moins capable de le faire, avec les choix socio-techniques et politiques qui ont été faits.
Nous invitons donc à se méfier de la question de comment « nourrir la planète », et en particulier d’une discussion autour des rendements (à l’hectare). Comparer des systèmes agroécologiques au système alimentaire industriel sur base uniquement des rendements à l’hectare, équivaut à se demander qui de la voiture ou du vélo est le plus rapide. À première vue, c’est la voiture. Mais en ville ou lorsqu’il n’y a plus d’essence, c’est le vélo. Ce n’est donc pas vraiment comparable. La vitesse n’est pas le seul critère de comparaison, il faut ajouter par exemple l’impact environnemental et social.
Bref, l’alimentation ne se résume pas à une simple question de rendement à l’hectare, c’est une question à la fois technique, économique, financière, politique, écologique, psychologique, sociale, culturelle, etc. Ainsi, l’agroécologie a pour vocation de traiter cette question de manière systémique et transdisciplinaire.
Y a-t-il un label de production agroécologique en Europe ?
Non.
D’où vient le mouvement agroécologique ?
Le mouvement est né en Amérique (Sud et Nord), porté à la fois par des chercheurs soucieux de recréer des agroécosystèmes soutenables, et à la fois par des mouvements sociaux paysans et associatifs qui s’inspiraient de pratiques culturales anciennes en lutte contre le système alimentaire industriel. L’agroécologie est l’alternative prônée aujourd’hui par Via Campesina (le syndicat des petits paysans au niveau mondial).
Où peut-on se former à l’agroécologie ?
En Belgique, il existe un Certificat en Agroécologie qui se donne de septembre à janvier (environ 25 jours de cours). Il est également possible de suivre la semaine d’école d’été d’agroécologie organisé au niveau européen (lien). Enfin, il existe un master d’agroécologie organisé en deux ans entre la Norvège, les Pays-Bas et la France auquel des étudiants belges participent régulièrement (lien).